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  Formation et formation par la recherche  

Formation et Formation par la recherche

 

 

Volet « Formation et Formation par la recherche Â» du projet politique en vue des élections des 9-11 février 2016 aux trois conseils de l’Université Bordeaux Montaigne élaboré par le groupe TemPo et débattu, complété et amendé lors des réunions publiques des 10 novembre et 7 décembre 2015.

 

TemPo : Temps et Politique.

TemPo : faire advenir le temps du politique, donner du mouvement, un tempo, une allure réglée, mesurée et non frénétique, à l’Université Bordeaux Montaigne, reprendre le contrôle du temps en repolitisant la gouvernance de l’établissement.

TemPo : un mot qui nous ressemble, pas un sigle, pas un mot devenu creux, inodore et impalpable à force d’avoir été délavé par la langue du politiquement correct, un mot vif et volontariste, un mot d’université d’Arts, Langues, Lettres, Sciences Humaines et Sociales, qui remet l’humain, sa musique, sa cadence, ses valeurs, au cÅ“ur du projet politique.

 

 

Il nous faut nous ressaisir de la formation :

- parce que nous sommes un établissement d’enseignement supérieur

- parce que cela constitue l’un de nos cœurs de métier

- parce que nous devons conserver la maîtrise d’une réflexion sur la pédagogie trop souvent abandonnée à une approche principalement comptable et gestionnaire.

 

Nous sommes parfaitement conscients du problème financier crucial que constitue la soutenabilité de l’offre ; nous pensons cependant que les choix dans la gestion de nos ressources doivent être faits de façon à garantir l’exercice de notre mission pédagogique dans des conditions décentes. La situation en matière d’offre de formation est évidemment délicate : la future offre de formation entrera en vigueur en septembre 2016 et un changement d’équipe présidentielle n’y peut rien – mais des ajustements sont possibles.

La manière dont ont été conçues les maquettes nous entrave : le discours purement gestionnaire qui consiste à fixer des objectifs comptables avant de proposer une vision et des objectifs pédagogiques n’est pas acceptable. Le pseudo-discours « volontariste Â» pour la réussite en Licence, qui prend la forme d’un accompagnement de la licence sur projets, pour lequel une ligne budgétaire de soutien pédagogique vient d’être créée sur fond de réduction financière de l’ensemble de l’ODF, ne doit pas tromper : il s’agit de faire de la formation la variable d’ajustement de la politique (750 000€ d’économies programmées en année pleine – 2017 – contre 50 000 € budgétisés pour le fonds pédagogique).

En outre, les critiques que porte l’équipe actuelle contre l’Offre de Formation 2011-2015 pour son insoutenabilité et « ses recalibrages successifs Â» ne tiennent pas, pour trois raisons :

- L’équipe était déjà bien en place lors de la préparation du quadriennal 2011 et celui qui était alors aux manettes du budget est depuis devenu Président : l’équipe aurait donc eu largement le temps, en deux mandats, de proposer une politique différente. D’ailleurs, des modifications sont toujours possibles au mi-quinquennal et cela n’a pas été fait.

- On peut être inquiet et prévoyant pour l’avenir, c’est effectivement une partie (mais une partie seulement) de l’exercice politique, mais on ne peut pas dire que l’Offre de Formation actuelle soit « insoutenable Â» financièrement . L’établissement n’est pas en déficit, il a même dégagé un excédent sur le compte financier 2014 de quelques 450 000 â‚¬, et un autre du même ordre en 2015.

Nous ne disons pas qu’il n’y a pas de raisons de nous inquiéter, nous sommes parfaitement conscients des contraintes budgétaires et soucieux du respect des règles de comptabilité publique, mais nous affirmons qu’il faut raison garder et que des possibilités d’ajustement existent, tout en restant dans le cadre de la « soutenabilité Â». Cela rejoint la question d’une gouvernance combattive : il faut aller négocier avec le Ministère, ne pas se contenter de subir et d’attendre, ou d’en relayer les injonctions normatives (nomenclature de l’ODF).

- Enfin, l’horizon d’un retour à la situation de 2010 (114 000 heures d’ODF en 2007-2010, 164 000 en 2011, puis après deux recalibrages, dès la rentrée 2011 et deux ans après, 135 000 h actuellement) est un tour de passe-passe. En effet, les chiffres ne sont pas comparables ; l’ODF du précédent quinquennal n’avait pas augmenté uniformément, des choix avaient été faits, des formations nouvelles ouvertes, le « retour Â» à la situation de 2010 (qui par ailleurs ne satisfaisait personne) est donc un trompe-l’œil. En réalité, compte tenu de l’ouverture des nouvelles formations de 2011 qu’il n’est pas question d’abandonner, nous revenons pour beaucoup de disciplines à une offre inférieure et non égale à l’offre antérieure.

 

Puisqu’il s’agit d’être réellement responsables, ajoutons, pour en finir avec les chiffres qu’on nous oppose comme unique argument, que rien ne garantit que la prochaine offre de formation sera plus « soutenable Â» selon les termes de l’équipe présidentielle. Rien ne garantit, à l’heure actuelle, qu’elle puisse être assumée dans de bonnes conditions, tout suggère même le contraire :

- trop d’incertitudes demeurent et trop de points suscitent l’inquiétude, entre le flou des chiffrages successifs, les demandes réitérées de réduction horaire, les diktats pour transformer les CM en TD, ou l’inverse, selon une règle comptable et non pédagogique, ou encore le passage pour certaines formations de L1 aux CM à distance sur moodle (e-campus).

– à cela vient s’ajouter la pression des effectifs prévus à la hausse au moins jusqu’en 2017, ce qui n’avait pas été anticipé pour cette rentrée et qu’il faut impérativement intégrer à la préparation de la rentrée prochaine. Pour exemple, une décision ministérielle vient d’autoriser le contingentement des étudiants en psychologie, à la suite de quoi l’Université de Bordeaux a prévu un seuil à 300, au lieu des quelques 900 actuels. Or on sait que, majoritairement, ces étudiants demanderont à s’inscrire chez nous.

Les « solutions Â» comptables apportées jusqu’à présent par l’équipe en place ne suffiront donc pas, ou alors au mépris de la qualité de l’enseignement et des conditions de travail des étudiants comme des enseignants.

 

Il faut donc faire autrement : agir auprès du Ministère et du Rectorat, voire des médias, ne pas être plus zélé que nécessaire dans la réalisations des économies, explorer les pistes d’une modification, même légère, de la répartition des grandes masses budgétaires, etc. Pour cela il faut adopter une conception réellement politique qui nous permette de sortir de notre isolement et de prendre en compte le fait que de nombreuses universités, singulièrement en lettres et sciences humaines, font face aux mêmes difficultés et auraient intérêt à agir collectivement.

Surtout, il faut consulter (et non seulement informer) largement l’ensemble des collègues quand une décision touchant à la pédagogie doit être prise. Notre établissement fonctionne actuellement à l’envers : ce n’est pas à la raison comptable de diriger les choix pédagogiques, et les enseignants et enseignants-chercheurs doivent être associés à ces choix lorsqu’ils concernent, par exemple, la définition pédagogique d’un cours (CM, TD), l’enseignement à distance, la définition des fondamentaux, les mutualisations, etc.

Chacun d’entre nous est responsable et comprend très bien, pour peu qu’on lui expose les options possibles, la nécessité de faire des économies et de maîtriser les budgets mais c’est à notre expertise à tous qu’il faut recourir en matière pédagogique et non à des solutions purement comptables et prédéfinies.

 

Par ailleurs, nous ne sommes pas un lycée, c’est le lien entre la formation et la recherche qui fait l’originalité de l’université. Il faut veiller à préserver ce caractère spécifique de l’enseignement supérieur : cela ne signifie en rien que l’on ne doive pas tout faire pour assurer la réussite des étudiants. Bien au contraire, elle est une de nos priorités. Mais cette réussite passe avant tout par un intérêt renouvelé, par la découverte de nouvelles disciplines, d’approches et de problématiques nourries par une recherche vive et active. Il s’agit donc de concevoir notre formation par la recherche.

 

Dernier point introductif : nous l’avions dit dès notre première réunion et le bilan que nous avons proposé, deux points positifs en matière de formation avaient retenu notre attention :

-la politique de promotion des 23 langues enseignées à l’Université Bordeaux Montaigne comme langues de communication (et notamment les conventions signées avec d’autres établissements pour les CLES/CLUB).

-les masters genre et études culturelles.

 

Cependant, concernant la politique des langues, nous avons également souligné le manque de vision et de politique volontariste pour la défense et la promotion des langues comme langues de culture à l’échelle de notre établissement et à l’extérieur.

 

Propositions

 

Alors, que peut-on faire ?

 

D’abord  écouter, c’est-à-dire :

 

 

1. Changer de méthode 

- Encourager des initiatives des équipes pédagogiques qui connaissent mieux les besoins spécifiques à chaque discipline. Par exemple, sachant que tout n’est pas possible, demander à chaque équipe de privilégier une action qui lui paraîtrait prioritaire pour sa formation.

- Privilégier la souplesse, la différence, les solutions propres à chaque formation, chaque niveau, chaque discipline, plutôt qu’un modèle général unique. Faire différemment suivant les disciplines, tout en préservant l’équité ou en la restaurant.

 

 

2.- Valoriser nos formations et notre visibilité dans la société : communiquer autour de nos formations en incluant les équipes pédagogiques et les étudiants (promotions d’anciens par exemple). Faire un travail de prospection et de communication avec le monde à l’extérieur.

Il s’agit à la fois de mieux guider l’orientation des étudiants, qui doivent nous choisir en connaissance de cause et non par défaut, et de valoriser nos formations y compris dans la perspective d’une formation continue qui reste à construire.

- Repenser le « professionnel Â» : nous sommes des professionnels, nos formations sont professionnalisantes quand bien même elles sont dites « généralistes Â». Elles ne proposent pas seulement (même les licences ou master dits « Pro Â» par rapport à d’autres qui ne le seraient donc pas ?) un apprentissage de techniques, elles ne proposent pas un moule : la richesse de nos formations vient précisément de ce qu’elles forment des esprits critiques, complets, ouverts.

Cette richesse permet l’épanouissement personnel et intellectuel de nos étudiants mais est aussi la meilleure garantie d’insertion professionnelle dans une société d’insécurité professionnelle avec des métiers sans cesse en pleine évolution.

- Faire confiance aux équipes pédagogiques et aux enseignants-chercheurs : arrêter le glissement progressif vers la suspicion et le contrôle, sanctionner mieux les manquements connus et répétés de quelques collègues très isolés, et relâcher la pression sur l’immense majorité des collègues.

 

Et surtout : ne pas tout changer de façon brouillonne et irresponsable. Nous sommes tenus par la contrainte de la nouvelle Offre de Formation qui vient d’être déposée.

 

 

3. - Prévoir un bilan au bout de deux ans et ne pas s’interdire de faire les modifications que les équipes jugeront nécessaires à mi-quinquennal.

- Redéployer le fonds pédagogique qui vient d’être créé, qui engendre une gestion de projets supplémentaire et qui enlève de fait de l’argent, soit aux disciplines, soit à la véritable interdisciplinarité. Cela consiste à supprimer la ligne budgétaire nouvelle et à redonner les ressources et la main aux UFR sur les projets pédagogiques, les situations étant très différentes selon les disciplines, certaines nécessitant plus que d’autres de l’accompagnement, des « sorties pédagogiques Â» etc. Privilégier la proximité et l’expertise des UFR qui pour certaines organisaient et finançaient en réalité déjà de telles activités d’accompagnement sur leurs fonds propres.

 

 

4. Favoriser dans les faits et pas seulement dans le discours la réussite des étudiants

- Favoriser l’esprit de promotion : parmi les pistes envisagées, un accueil plus individualisé, une semaine d’intégration comme cela se pratique déjà dans certaines disciplines, la valorisation des travaux et activités des anciens, la présence de ces derniers en tant que « passeurs Â» (réfléchir à un réseau des anciens), une meilleure insertion des associations étudiantes dans la vie des départements et des sections. Une véritable politique sportive doit également être dégagée : le sport, outre le fait qu’il est un élément essentiel de l’approche éducative, permet une intégration plus aisée dans le groupe (voir le volet Activités et pratiques sportives).

- Dégager la pression sur la première année : que ce soit par une meilleure orientation et communication autour de nos formations, par des choix politiques (parmi les pistes envisagées mais qui doivent absolument être adaptées aux différentes situations des disciplines, le dédoublement d’un TD dans une matière fondamentale au S1, la progressivité des seuils, 30 au S1, 35 au S2, 40 ensuite) ou par des choix pédagogiques à l’intérieur de ce cadre.

- Proposer une véritable politique du numérique (voir le volet Politique du Numérique et Communication) : l’informatique doit être au service de la pédagogie, le numérique est un moyen, une aide et non une fin en soi. L’outil moodle est très intéressant mais ne peut ni ne doit remplacer un cours en présentiel, sauf éventuellement dans des cas très précis (pour la formation à distance, pour attirer des publics nationaux ou étrangers, par exemple en master). E-campus doit rester un moyen d’enrichir, d’accompagner ou d’anticiper le présentiel, pas s’y substituer.

Nous affirmons la nécessité d’un rapport humain et d’une parole dans l’enseignement : pour réussir à distance, il faut intégrer la perte d’information produite précisément par la distance, et c’est une source de difficulté supplémentaire pour les étudiants. Il faut être déjà bon dans une discipline pour être capable de tirer profit de la formation à distance. De ce fait, si l’on s’intéresse à la réussite des étudiants, il ne faut pas augmenter encore les sources de difficulté. On peut envisager des pistes de pédagogie hybride (des semaines de présentiel qui encadrent des semaines à distance par exemple) mais pas de substitution sans accompagnement en présentiel.

-Réfléchir ensemble et avec les étudiants à un meilleur accompagnement des dispensés. Là aussi, des pistes dans la direction d’une pédagogie hybride, mêlant présentiel et formation à distance sont à explorer.

- Développer et valoriser la mobilité internationale et structurer la coordination pour les étudiants ERASMUS entre les différentes composantes UFR, Départements ou sections, et les Relations Internationales, et valoriser les échanges ERASMUS dans un cursus de formation.

 

5. Former par la recherche.

- Lancer une réflexion sur la pédagogie universitaire incluant le numérique et la recherche : quelle doit-être la spécificité d’une pédagogie universitaire ? Quels outils, quelles méthodes, pour quelles fins ? La réflexion engagée pourra prendre la forme d’un programme de pédagogie universitaire financé sur projet (Idex par exemple).

- Redéfinir les attentes respectives des CM et des TD et établir des règles claires et équitables pour mettre fin à la confusion et au double discours. En effet, dans la politique actuelle, tout est bon pour faire de la répartition CM/TD la variable d’ajustement de la politique de formation : privilégier les CM pour les gros effectifs ou à l’inverse payer uniquement en TD certaines formations, transformer en TD des CM qui sont pourtant des enseignements clairement magistraux et demandent un travail de recherche (comme les séminaires, certains cours d’agrégation…). Nous refusons que les notions de CM et de TD soient ainsi flottantes et servent d’ajustement comptable au lieu d’être d’abord le reflet d’une réflexion pédagogique commune.

- À partir de la L3 au moins, où l’on récupère aussi pour nombre de disciplines les étudiants de CPGE qui n’ont pas eu en face d’eux des chercheurs, il faut articuler systématiquement formation et recherche. Par exemple, comme cela se fait déjà dans plusieurs disciplines, on peut rendre plus systématique l’initiation à la recherche en licence.

- Donner en partie la main aux équipes de recherche, structurer le lien, par exemple par l’existence d’un bureau élargi, entre UFR, départements ou sections et équipes de recherche pour déterminer des priorités (axes, contenus, moyens d’action, cours tournants), nourrir enfin le R d’UFR. Il est essentiel que les étudiants aient conscience qu’ils ont en face d’eux non seulement des chercheurs isolés mais aussi des chercheurs à l’intérieur d’équipes.

- Plus généralement : développer des ateliers/UE/modalités de contrôle pour inciter les étudiants à participer plus étroitement aux activités de recherche (conférences, colloques), tâches qui peuvent être valorisées dans un parcours étudiant sur le modèle de ce qui se fait en allemand, en arts, en géographie et ailleurs. Dans certaines universités, par exemple, une partie de la note de séminaire ou d’une matière dès la L3 ne vient pas d’un exposé ou d’un mini-mémoire, mais d’un compte rendu de journée d’étude ou de colloque, que l’étudiant doit suivre en plus de son séminaire ou cours.

- Maintenir coûte que coûte les contrats doctoraux/ATER.

- En liaison avec l’idée d’une formation par la recherche,  nous entendons donc défendre une politique des langues de culture et pas seulement de communication, avec un engagement fort et visible pour le plurilinguisme, un soutien à la diversité linguistique pas seulement dans l’affichage d’UBM offrant 23 langues mais également dans la pratique.

- Formation tout au long de la vie : c’est d’abord une question de service public fondamentale, en particulier à destination des enseignants du secondaire, pour qui une vraie formation continue et un contact vivant avec la recherche est un besoin. C’est à nous de l’assurer en articulation et en dialogue avec le Rectorat.

On peut aussi, cependant, développer également une formation à destination des collectivités locales, des institutions culturelles ou même des entreprises : en liaison avec notre conception de ce qu’est une véritable professionnalisation, il ne s’agit en aucun cas de devenir prestataire de service pour gagner à tous prix et n’importe comment des financements, il s’agit au contraire de proposer des cours, séminaires ou formations dans l’esprit de promotion des Arts, Langues, Lettres, Sciences Humaines et Sociales, afin de mieux affirmer notre identité et notre spécificité. Une piste envisagée : nous nous appelons « Montaigne Â», nous pourrions proposer des formations transversales « Renaissance Â» en articulant des cours déjà existants sur la période, en lettres, histoire, philosophie, histoire de l’art, arts, littérature en langue étrangère. La même chose pour toutes les époques, on peut penser à la pertinence dans une ville XVIIIe siècle d’une formation professionnalisante transversale « Lumières Â».

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